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Les bienfaits du sport, oui, mais sur l'esprit

Tout le monde a déjà entendu dire que le sport est bon pour la santé, qu'il fait maigrir, qu'il est bon pour le cœur mais aussi qu'il permet de prévenir ou de mieux guérir de certaines maladies (1). Ce qui est moins connu, en revanche, c'est l'effet du sport d'endurance (ou cardio-vasculaire) sur l'esprit et la santé mentale. Les différents articles cités font d'ailleurs tous référence à des activités physique aérobies d'endurance, sauf concernant la réduction de l'anxiété et de la dépression, pour lesquels tous les types d'activités ont le même effet.


Il y a d'ailleurs tellement de bénéfices à la pratique d'un sport (2) que tous ne pourront être abordés dans cet article. Je me contenterai de parler brièvement des effets cognitifs, c'est à-dire sur les capacités de l'esprit comme l'attention ou la mémoire. Enfin je parlerai plus longuement des effets du sport sur la santé mentale et sur le bien-être psychologique.


Tout d'abord, le sport n'améliore pas que les capacités physiques, il améliore aussi les capacités cognitives, et cela a été prouvé par la recherche, si bien qu'on pourrait en faire un livre (3). La pratique du sport améliore et préserve en particulier du vieillissement au niveau cognitif, puisqu'il permet d'améliorer les fonctions exécutives chez les personnes âgées saines (4) ou à risque de développer la maladie d'Alzheimer (5). On retrouve aussi des effets similaires chez tous les autres âges de la vie (6), et cela est dû aux effets du sport sur le lobe frontal du cerveau, qui est responsable des fonctions exécutives (les capacités attentionnelles, l'inhibition et la mémoire de travail, entre autres).

Enfin, d'un point de vue purement neurologique, la pratique du sport permet aussi d'augmenter la mémoire car elle favorise la neurogenèse (création de nouveaux neurones) dans l'hippocampe (7), et c'est l'hippocampe qui est responsable de la mémorisation à long terme. Faire du sport permet donc de mieux apprendre et de mieux mémoriser, d'autant plus que les activités cardio-vasculaires font produire plus de facteur BDNF (8) par le cerveau. Ce facteur permet aux neurones de mieux survivre, d'augmenter l'efficacité des synapses – les lieux d'échanges entre les neurones – et d'améliorer la plasticité cérébrale.

Mais ce n'est pas tout, les effets du sport ne se limitent pas à rendre votre esprit plus performant, ils vous rendent aussi plus heureux, permettent de lutter contre l'anxiété et la dépression, mais aussi contre des pathologies plus envahissantes comme les troubles de déficit attentionnels avec ou sans hyperactivité (les fameux TDAH) et la schizophrénie !


Oui, faire du sport rend plus heureux, dans le sens où les personnes qui pratiquent un sport régulièrement rapportent avoir un niveau de bien-être plus élevé que des personnes qui ne font pas de sport, même si le niveau économique, le niveau culturel ou l'origine de ces personnes reste le même entre les sportifs et les non-sportifs (9).

Concernant les effets du sport sur l'anxiété et la dépression, les études scientifiques sur ce sujet sont récentes, et les causes exactes des réductions de l'anxiété, des troubles anxieux et de la dépression sont encore méconnues. On soupçonne cependant des traits comme le sentiment de maîtrise et d'auto-efficacité procuré par ou l'influence des neurotransmetteurs libérés lors de l'activité physique (10). Ces effets restent néanmoins efficaces car il a été prouvé qu'effectuer entre 1h30 et 2h de sport par semaine est aussi efficace sur la dépression que de prendre des anti-dépresseurs (11).

Par rapport au TDAH, le sport est aussi efficace, bien que peu de recherches aient été menées sur ce sujet. On sait tout de même que l'activité physique est efficace contre les comportements agités dont les enfants hyperactifs peuvent faire preuve, qu'elle permet aux enfants ayant un trouble attentionnel avec ou sans hyperactivité de mieux se concentrer et d'être plus attentif en classe, et enfin que la catécholamine et la dopamine – des neurotransmetteurs qui sont réduits en quantité chez les enfants et adultes TDAH – voient leur production augmenter juste après l'activité physique, même si cette augmentation est moins forte chez les personnes atteintes de TDAH (12). Dans une certaine mesure, ce n'est pas étonnant que le sport permet de lutter contre les effets des troubles attentionnels, puisqu'il a été prouvé que les fonctions exécutives sont améliorées par la pratique d'un sport (6), et les capacités attentionnelles en font évidemment partie.

Ce qui est plus étonnant c'est que l'activité physique permet d'atténuer les symptômes de la schizophrénie et les troubles associés. Bien sûr, les effets sur l'anxiété et la dépression du sport fonctionnent même dans le cas de la schizophrénie – où ces troubles sont souvent présents – mais il y a d'autres raisons pour lesquelles l'activité physique est très importante chez les patients atteints de cette pathologie. La première est que ces personnes ont tendance à être moins actifs que la moyenne de la population, la troisième est que les anti-psychotiques prescrits ont souvent pour effet secondaire une prise de poids, avec tous les risques pour la santé que cela comporte, et la troisième est que l'activité physique permet d'atténuer les symptômes négatifs – le retrait d'une composante normale de la personne – de la schizophrénie comme le repli social et qu'elle permet de mieux gérer les hallucinations auditives – un des symptômes positifs, c'est-à-dire une composante ajoutée par rapport au fonctionnement normal de l'esprit (13).


L'activité physique a de nombreux bénéfices sur le corps comme sur l'esprit. C'est sans doute pour cette raison que 22 millions de français pratiquent un sport au moins une fois par semaine, ce qui représente presque un tiers de la population française actuelle (14). Ce serait dommage de passer à coté d'autant d'avantages pour sa santé, vous ne trouvez pas ? D'autant plus qu'il y a de très nombreux moyens adaptés à chacun pour faire du sport : des clubs, des lieux de randonnée, de marche ou de jogging, la liste est longue... Mais la vraie question est la suivante : faites-vous une activité physique ?



Références :


  1. Pate, R. R., Pratt, M., Blair, S. N., Haskell, W. L., Macera, C. A., Bouchard, C., ... & Kriska, A. (1995). Physical activity and public health: a recommendation from the Centers for Disease Control and Prevention and the American College of Sports Medicine. Jama, 273(5), 402-407.

  2. Penedo, F. J., & Dahn, J. R. (2005). Exercise and well-being: a review of mental and physical health benefits associated with physical activity. Current opinion in psychiatry, 18(2), 189-193.

  3. Ratey, J. J., & Hagerman, E. (2008). Spark: The revolutionary new science of exercise and the brain. Little Brown & Company.

  4. Colcombe, S., & Kramer, A. F. (2003). Fitness effects on the cognitive function of older adults: a meta-analytic study. Psychological science, 14(2), 125-130.

  5. Lautenschlager, N. T., Cox, K. L., Flicker, L., Foster, J. K., van Bockxmeer, F. M., Xiao, J., ... & Almeida, O. P. (2008). Effect of physical activity on cognitive function in older adults at risk for Alzheimer disease: a randomized trial. Jama, 300(9), 1027-1037.

  6. Hillman, C. H., Erickson, K. I., & Kramer, A. F. (2008). Be smart, exercise your heart: exercise effects on brain and cognition. Nature reviews neuroscience, 9(1), 58.

  7. Kramer, A. F., & Erickson, K. I. (2007). Capitalizing on cortical plasticity: influence of physical activity on cognition and brain function. Trends in cognitive sciences, 11(8), 342-348.

  8. Cotman, C. W., & Berchtold, N. C. (2002). Exercise: a behavioral intervention to enhance brain health and plasticity. Trends in neurosciences, 25(6), 295-301.

  9. Brown, D. W., Balluz, L. S., Heath, G. W., Moriarty, D. G., Ford, E. S., Giles, W. H., & Mokdad, A. H. (2003). Associations between recommended levels of physical activity and health-related quality of life findings from the 2001 Behavioral Risk Factor Surveillance System (BRFSS) survey. Preventive medicine, 37(5), 520-528.

  10. Ströhle, A. (2009). Physical activity, exercise, depression and anxiety disorders. Journal of neural transmission, 116(6), 777.

  11. Blumenthal, J. A., Babyak, M. A., Doraiswamy, P. M., Watkins, L., Hoffman, B. M., Barbour, K. A., ... & Hinderliter, A. (2007). Exercise and pharmacotherapy in the treatment of major depressive disorder. Psychosomatic medicine, 69(7), 587.

  12. Gapin, J. I., Labban, J. D., & Etnier, J. L. (2011). The effects of physical activity on attention deficit hyperactivity disorder symptoms: The evidence. Preventive Medicine, 52, S70-S74.

  13. Holley, J., Crone, D., Tyson, P., & Lovell, G. (2011). The effects of physical activity on psychological well‐being for those with schizophrenia: A systematic review. British journal of clinical psychology, 50(1), 84-105.

  14. Mignon, P. (2015). Point de repère-La pratique sportive en France: évolutions, structuration et nouvelles tendances. Informations sociales, (1), 10-13.


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